ARMADA

Armada un festival itinérant en voilier, 13 bateaux, 20 spectacles, 70 artistes, 10 escales...

Scénographie pour un spectacle muséal et participatif: "L'encyclopédie de la mémoire, collectionneurs de collections", par les Passeurs d'histoires, d'après Alessandro Barricco, "Océan mer"

Projet pour une cuisine flottante

Scénographie pour "Le cercle des mangeurs", spectacle culinaire à partir des textes de Brillat Savarin à bord du vieux gréement, la Maria Gilberte

trombinoscope

Tentative pour vous raconter un peu l'Armada,

Pour commencer il s'est passé tellement de choses et de choses simples et pourtant incroyables et magiques, parenthèse enchantée, hors du temps, loin de la terre, il s'est créé un vortex spatio-temporel dont on ne sait pas trop si l'on en revient entier ou si toujours garderons un pied imaginaire dans cet autre …, autre .

Il sera donc difficile de "rendre compte", blurp!

Nous étions pour résumer onze voiliers, dont la fameuse Maria Gilberte un vieux thonier au gréement "aurique", à l'équipage de quatorze matelots (douze filles) dont je faisais partie, et qui servait de bateau scène, "bateau amiral" aux escales.

Nous étions donc, un festival itinérant à la voile, autofinancé, comptant soixante-dix artistes et marins munis de plus d'une vingtaine de spectacles de cirque, danse, théâtre, musique et de formes hybrides inhérentes à nos formations in-situ de trois mois de création continue et aux formes inventées pour l'occasion.

Nous sommes partis de l'Estaque à Marseille, avons fait le tour de la Sardaigne puis de la Corse avant de revenir à Sète, port d'attache d'une bonne partie de la flotte.

C'est la Faaac, Formation Alternative Autogérée aux Arts du Cirque qui a monté le projet sur deux ans dont de nombreuses réunions partout en france, puis nous nous sommes rencontrés en chemin. Sommes devenus l'Armada.

Nous avons fait sept festivals-escales, Marseille, Girolata (Corse), Cagliari, Carloforte (Sardaigne), Bastia, Calvi (Corse), Sète.

Nous sommes partis de Sète le 24 août avec la Maria Gilberte après qu'elle ait passé un mois et demi de chantier : carénage°, changer l'hélice deux fois, racheter les survies°, les gilets etc. remettre tout en état car ça faisait quatre ans qu'elle n'avait pas navigué et restait au quai à Sète, servait de maison à tout un tas d'oiseaux de passages.

A Marseille nous avons attendu quelques jours au mouillage° d'avoir l'autorisation d'être amarrés à quai, puis avons été accueillis par Yes we camp ou nous devions être en résidence une semaine avant de jouer nos spectacle pour la première fois. Yes we camp, un camping artistique éphémère de Marseille 2013 OFF, était sur le déclin d'une organisation tourmentée et nous a laissé à chacun l'amer souvenir de séquelles sanitaires éprouvantes…

Puis, après avoir attendu une fenêtre météo favorable nous avons fait trois jours consécutifs de navigation en pleine mer pour rejoindre directement le sud de la Sardaigne à Cagliari où nous avons vu le Pape ! Et tous ses fidèles ! Et la papa mobile...

De là...

Nous avons fait des visites guidées théâtralisées des bateaux.

Nous avons brassé de la bière de l'Armada à bord dans les cales - avec l'aide de la houle - et refait des cuvées et mises en bouteille à chaque escale: "l'Armadienne".

Nous avons fait des "petites nav." et aussi des grandes traversées.

Nous avons chanté pendant l'orage pour se donner du courage alors que la houle et le vent faisaient rage.

Nous avons fait des parades dans chaque ville pour nous faire de la com', déguisés, en échasses, avec des musiciens et un porte-voix.

Nous avons fait des cours de navigation et de lecture de carte, apprendre à faire un point°, les vents, le vocabulaire les codes etc.

Nous avons fait un spectacle de danse avec toute l'Armada, à soixante : "The Force", une partition d'actions à faire ensemble, courses, fuites, baston, chutes lentes, embrassades, interventions individuelles ou spontanées = une chorégraphie pleine d'émotions !

Nous avons échangé plein de fois de bateau.

Nous avons fait passer des chapeaux après presque chaque spectacle et mis tout l'argent en commun pour payer du gasoil, des places de port, des réparations, du matériel ou des repas.

Nous avons fait un carnet de voyage collectif avec les dessins et photos de chacun, à chaque escale nous montions une petite exposition à quai avec les moyens du bord, nous avons imprimé deux micro-éditions et un carnet de chanson ainsi que des cartes postales que nous vendions.

Nous avons fait des quarts de nuits qui n'en finissait plus tant la météo est imprévisible, "on affale° et on ré-hisse, puis on prend un ris°, on se remet la trinquette, on étarque la voile, on borde un peu la GV on choque un peu d'Artimon°, on installe le pallant pour reprendre un peu de génois°, on reprend les bastaques, on met le harnais pour aller dans le filet, on vire, on empanne…" pour chaque manoeuvre sur la Maria il faut être au moins sept…

Nous avons fait des soirées chant de marins, et des soirées chant tout court.

A chaque mouillage°, nous faisions du feu sur la plage, pour manger et pour dormir aussi.

Nous avons fait du land-art sur des plages remplies de déchets et aussi un mini-golf stroboscopé.

Nous avons fait de la natation synchronisée, de la pétanque sous marine, et un film sous marin.

Nous avons fait des ateliers d'initiation à la réflexologie et aux massages ayurvédiques.

Des initiations à la reliure et au dessin d'observation avec modèle vivant.

Nous avons fait des convois-navettes en annexe° entre les bateaux, des fois c'était carrément des mini bus.

Nous avons fait un flash-mob dans l'eau pour surprendre les estivants prélassés sur la plage en arrivant du large à la nage et déguisés avec une chorégraphie synchronisée…

Nous avons fait de la slak-line.

Nous avons fait un apéritif géant à bord de notre bar flottant, "le Dingy-bar", au milieu d'une baie turquoise en Sardaigne rejoignant chacun l'installation en annexe°, à la nage ou en requin pneumatique (toujours déguisés) le tout s'est alors transformé en immense radeau nocturne traversant la baie à la rame pour finir en fête apocalyptique sur la Maria Gilberte ! Est né le rock'& houle.

Nous avons fait une guinguette pour le public à chaque escale et un cathering pour manger tous ensemble. On y servait de la soupe des tartines de la citronnade, de la sangria ou du vin chaud, tout à prix libre. Tout fait maison avec beaucoup de recup' des marchés.

Nous avons fait des recup' mirobolantes.

Nous avons vidéo-projeté des sessions de courts métrages sur les voiles dont une sur l'eau tous à bord de ces fameuses annexes.

Nous avons appris les constellations en regardant les étoiles.

Nous avons joué aux cartes dans la pétole.

Nous avons fait des abordages pirates entre bateaux. Des fois en pleine nuit, en accostant un de nos voilier, on allumait le pont au dernier moment, l'orchestre sur le pont jouait quelques morceaux, on échangeait des victuailles et des mots doux, voire un ou deux équipiers et reprenions notre route.

Nous avons fait un cabaret à chaque escale composé de tous les petits numéros et solos et impros, des aériens, corde, danse voltige, trapèze, tissu, slak-line et aussi d'un big-band. Nous invitions aussi des artistiques locaux à venir participer.

Nous avons reçu plein de groupes scolaires à Bastia, de la petite section de maternelle aux lycées pros et organisés des ateliers danse, improvisation théâtrale, contes et dessin avec eux.

Nous avons fait de graaaandes réunions qui se passaient bien. Des fois on se demandait: "A quoi on joue?".

Nous avons fait de grands tableaux pour s'inscrire dedans pour répartir les tâches : courses, guinguette, service, régie, montage-démontage, rangement, recup', point info, accueil, com', épluchage, programmation, relations publiques, repérages, responsables d'escales, brigades des plaisirs, site internet etc.

Nous avons fait des petits films et un grand documentaire qui sera monté plus tard.

Nous avons fait des tartes au citron meringuées et de grands beaux repas.

Nous avons faites randonnées pédestre dans le sud de la Corse ou dans le désert des Agriates.

Nous avons essuyé quelques tempêtes dont une à Bastia qui à fait démâter le "loop loop" et s'envoler la scénographie du quai dont une sculpture de 150 chaises que nous avait prêtée la mairie.

Nous avons fait de la plongée sous-marine car nous avions un compresseur à bord de la Maria.

Nous avons péché. Des Dorades coriphènes, des bonites, des maquereaux etc.

Nous avons dansé des cercles circassiens et des mazurkas.

Nous avons fait des répétitions.

Des réunions des capitaines pour discuter de la météo.

Nous avons été malades, tous. Peut-être une "amibiase"? Le mystère court toujours…

Nous avons fait un repas silencieux.

Nous avons fait des spectacles et des performances pour nous même.

Nous avons fait des scénographies bricolées sur les quais de nos escales.

Nous avons été dans un autre festival à Calvi au Festival du Vent, mais notre festival était mieux.

Nous avons fait des dessins en rétroprojetés sur des voiles en direct pendant les concerts.

Nous avons fait une exposition de photos sous l'eau.

Nous avons fait des amarrages la nuit, le jour, dans la tempête, sur pendille°, à couple°, sur coffre°, à la voile°.

Nous avons peu dormi.

Nous avons erré certains jours de bateau en bateau, de cafés en massages ou en tarte au citron, de ponts ensoleillés en bannettes° ou hamacs, de matelats gonflables en places au coin du feu…

Nous avons pris quelques douches dans les capitaineries. Sinon sur le quai directement au tuyau.

Nous avons rencontré des amis. Et aussi des municipalités.

Nous avons tous fait des spectacles et de la voile.

Enfin, bref, nous étions heureux, fiers, avides de mer de vent et d'art, de savoirs faire. Toutes les générations ont été représentées de deux à soixante treize ans. Je n'avais jamais vu de collectif aussi harmonieux, sans hiérarchie, sans discorde, autogéré rotativement, comme quoi les utopies ont de beaux jours devant elles, deux vent ailes. Nous continuerons, nos idées n'en finissent pas de naviguer, et la fin de ce projet sera le début d'un autre.

Merci à tous ceux qui nous ont soutenus ou suivis. Gracias à la vida. Gracias à l'Armada.

Grosses bises à tous

En annexe petit lexique°

Annexe: petite barquette gonflable ou rigide néanmoins très instable, à rame ou à moteur, permettant d'aller du mouillage à la plage par petits groupes et en faisant de nombreux allers retours.

Mouillage: lorsque l'on met l'encre au milieu de l'eau dans une baie, une crique ou une rade enfin près des côtes, et qu'après il faut sortir l'annexe pour rejoindre la terre.

S'amarrer: S'attacher au quai sur des bittes d'amarrages avec des gros bouts appelés amarres, pointes, gardes et traversières, selon qu'on les mette en diagonale ou aux extrémités. On sort aussi les part-battages, grosses bouées descendant le long de la coque et le long du quai. On peut aussi se mettre sur pendille mais c'est plus compliqué et à couple c'est des bateaux qui dorment ensembles.

Carénage: gratter les moules sur la coque.

Survies: Radeaux de survie gonflables prêts à être lancés à l'eau en cas de pépin, munis de pochettes surprises en kit : eau en poudre, feux d'artifices, bonbons en concentrés de sucre, jeux pour la pêche etc. qui donne envie de l'ouvrir tout de suite mais on n'a pas le droit...

Les voiles: Il y a la grand voile qui porte bien son nom, puis la voile d'artimon pour les deux mâts c'est le deuxième mât plus petit à l'arrière et pour les voiles d'avant : le génois ou foc, puis la trinquette, le spi(nnaker) et le tourmentin pour les temps tourmentés.

On hisse la voile pour la monter, on affale pour la descendre, on étarque pour la tendre, on borde pour la ramener dans le bateau, on choque pour lui lâcher du lest, on donne du mou sur les bouts ou les drisses pour les laisser filer. On reprend les bastaques qui sont des haubans mobiles qui tiennent le mât, on reprend les écoûtes de génois pour border avec un pallant si il faut (système à double poulie installable partout pour tirer en mettant moins de force) car sur la Maria on n'a pas de winch : enrouleurs qui démultiplie la force. A l'avant (la proue) on va dans le filet sous le bout dehors (pic hors du bateau) pour installer ou affaler le génois. Quand on le range on le ferle en mettant des garcettes autour comme sur un gigot.

Et on regarde sa voile Bordel ! Biensûr on oublie pas de tenir son cap et de faire un point Gps de temps à autre pour indiquer sa position dans le journal de bord.

Liste des bateaux:

La Maria Gilberte: thonier 22 mètres, 85 tonnes, 14 personnes, appartenant à Robert Antraygues pour l'association Vagabondage : séjours de rupture pour des jeunes en difficulté, n'ayant plus cours depuis une dizaine d'années. Amarré à Sète.

Les oiseaux de passages : voilier acier 8 personnes acheté en copro à 4 avant l'Armada, amarré à Sète.

Le viva binga : petit voilier acheté par Mathieu documentariste pour l'Armada, 4 à 5 personnes, sera peut être un jour amarré à Douarnenez.

Le laisse dire : en aluminium, quinzaine de mètres, 12 personnes appartenant à l'association Cap au Large, à Sète, pouvant accueillir des personnes en fauteuil roulant.

Cap de lune : voilier normal 3-4 personnes de Marseille. Appartenant à un Oncle

Zig et zag : Catamaran, 3 chambres doubles, 6 personnes de Sète. Appartenant à 2 Armadiens Vivi et Alexia

Païta : petit voilier normal 3-4 personnes de Marseille, à Lili

La Nine : le plus petit, 4 personnes, à Théo et sa famille à Marseille

Le Saveurs : 5-6 personnes de Palavas, à Paul

Le Loop loop : Bateau de location, 8 personnes (démâté à bastia)

Le terrain vague : bateau de loc, 5 personnes

En bonus, Le jusqu'au bout : un autre vieux thonier de Sète de 16 mètres amoureux de la Maria et son propriétaire Yanick.

Et plus d'infos sur:

https://www.facebook.com/armada.deuxmilletreize/photos_albums

http://www.armadafestival.com/

scénographie collective avec sculpture de chaises municipales sur le port à Bastia

studios de tournage du "viva binga" (le petit bateau rouge) avec arthur Etard et mathieu Mounier,cf: et voil'art sur touscoprod http://www.touscoprod.com/fr/project/produce?id=899

"viva binga"